Chez Felleskjøpet, parité et démocratie participative font bon ménage
Plus que centenaire, la coopérative norvégienne Felleskjøpet, avec plus de 70 % de part de marché en appro et en collecte, participe à l’ambition du pays de renforcer son autonomie alimentaire. Tout en capitalisant sur l’esprit scandinave.
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La parité hommes/femmes dans les gouvernances d’entreprise est une règle en Norvège. Ainsi, le conseil d’administration de la principale coopérative d’appro-collecte du pays, Felleskjøpet, est composé de 12 membres dont 8 agriculteurs. La parité y est totale, avec 4 agricultrices et 4 agriculteurs. « Cela nous apporte un bel équilibre car nos approches sont très complémentaires entre femmes et hommes », sourit Anne Jødahl Skuterud, présidente de la coopérative.
Cultiver la fidélité
« Il reste un challenge important, réussir à mobiliser les jeunes sur la coopération et l’engagement », insiste-t-elle. Comme partout, la volonté d’indépendance et surtout l’envie de négocier pour tout ne facilitent pas l’esprit coopératif. Pour favoriser l’intégration des nouveaux agriculteurs, la coopérative s’investit dans la formation au niveau des écoles.
Aussi, de nombreuses strates de décision et de communication, localement comme nationalement, ont été créées pour que chaque agriculteur se sente acteur de l’entreprise. « Plus de 80 % de mon temps est dédié à animer des réunions d’information et de retour d’expériences », précise Thérèse Larsen Kirkeby, responsable des relations avec les adhérents de la coopérative. « La démocratie participative n’est pas un vain mot, mais une institution que nous souhaitons faire perdurer. Elle nous permet non seulement de cultiver la fidélité, même chez les jeunes, mais aussi de développer un projet d’entreprise en cohérence avec nos 37500 adhérents. »
Organisme de régulation du marché
La Norvège ne présente qu’un taux de 40 % d’autonomie alimentaire. Felleskjøpet, ainsi que les deux autres coopératives significatives du pays, Tine pour le lait et Nortura pour la viande, sont des acteurs majeurs qui aident le gouvernement à développer l’agriculture. « Nous avons participé à des discussions entre coopératives pour aider le gouvernement dans son objectif d’approcher les 50 % d’ici deux ans », déclare fièrement Anne Jødahl Skuterud.
Les coopératives agricoles sont tenues de collecter les productions tant qu’elles existent dans les fermes, auprès de tous les agriculteurs, pour les fournir à l’industrie alimentaire. Elles deviennent des organismes de régulation du marché, financées par le gouvernement. Sachant qu’un système de prix garanti est mis en place depuis les années 1950 (lire encadré ci-contre) lorsque le revenu des agriculteurs est en danger. Cette structuration donne aux agriculteurs l’assurance qu’ils pourront vendre leurs produits à un prix rentable pour eux, quels que soient les cours, la météo et l’emplacement de la ferme. Les prix à la consommation restent ainsi relativement stables dans un pays où le coût de la vie est particulièrement onéreux. « En 2023, l’année a été très mauvaise pour le monde agricole, précise la présidente. Les coûts de production se sont envolés, entraînant potentiellement une ouverture en masse aux importations. Nous avons demandé aux autorités de donner immédiatement les instructions pour mettre en œuvre le régime de subventions. Elles nous ont écoutés. Nous avons ainsi pu aider les agriculteurs les plus nécessiteux. »
Produire plus est une chose, et le faire en respectant l’environnement et le climat en est une autre. « Notre climat est très rude avec un hiver long et rigoureux. Cela nous aide dans nos démarches de lutte phytosanitaire, mais pas sur le choix des variétés », souligne Thérèse Larsen Kirkeby. Comme dans tout le pays, l’entreprise a une sensibilisation forte à l’écologie, mais pas de façon idéologique. Elle développe des partenariats avec ses fournisseurs, notamment le plus norvégien d’entre eux, Yara. « Notre partenariat est gagnant/gagnant, nous testons pour Yara de nouveaux engrais décarbonés qui seront à disposition de nos adhérents en 2024. Nous sommes fiers d’être des pionniers pour le bien de la planète. Demain, ces engrais seront diffusés dans le monde. » Une collaboration positive qui fait la fierté de l’entreprise et, surtout, qui montre sa volonté de développer une agriculture durable.
Leader de la distribution verte
Multifonctionnelle dans les fermes, Felleskjøpet est particulièrement présente dans le monde de l’élevage qui représente plus de 70 % des surfaces du pays. « Avec les deux autres coopératives, nous discutons de nos complémentarités au sein de notre fédération nationale, mais nous gardons notre énergie sur nos métiers de base », souligne la responsable des relations avec les adhérents.
Pour consolider l’activité et rendre des services à ses adhérents, la coopérative a investi dans un réseau de magasins, type Gamm vert, ouvert au monde agricole ainsi qu’aux citadins. Une centaine de magasins couvre le pays. « Nous avons une excellente notoriété qui fait de nous le leader de la distribution verte. » Felleskjøpet a d’ailleurs eu l’opportunité, en 2016, de se développer chez son voisin suédois, sous la marque Granngården, avec 110 magasins, soit légèrement plus que dans son bastion norvégien.
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